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Reims (51) Les promenades passent de l’ombre à la lumière

Avec un linéaire de près d’un kilomètre pour une largeur d’une centaine de mètres, ce sont neuf hectares en plein centre-ville qui ont été réaménagés. © P. FAYOLLE

En plein cœur de ville, la « capitale du champagne » vient de terminer le réaménagement d’un espace arboré historique peu à peu abandonné à la voiture. Un travail sur l’ouverture ou la plantation de certaines zones ainsi que l’installation de points d’intérêt ont transfiguré le site, qui accueille un public nombreux.

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Transformer une zone sombre et désertée, finalement en grande partie dédiée au stationnement des automobiles depuis des décennies, en parc urbain très fréquenté : le défi représenté par le réaménagement du site des Promenades, à Reims (51), était de taille. En effet, ce vaste espace créé sur les fossés des anciens remparts de la ville jusqu’au xviiie siècle pour relier le centre aux faubourgs s’étend sur près d’un kilomètre de longueur et une centaine de mètres de largeur, soit en tout autour de 9 ha de surface.

Mais l’enjeu était à la hauteur du défi car la zone est en plein cœur de ville. On la traverse d’ouest en est en arrivant de la gare SNCF pour aller sur la fameuse place Drouet-d’Erlon, lieu animé de la capitale de la Champagne. Du nord au sud, elle relie des vestiges classés : la porte de Mars, monument romain construit au iiie siècle, la porte de Paris, le cirque et le manège, autres monuments classés. Un espace de rêve pour le maire, Arnaud Robinet, élu en 2014, qui effectue aujourd’hui son second mandat, pour renforcer l’image de ville verte de la commune, classée 4 Fleurs au palmarès du Conseil national des villes et villages fleuris.

Un projet aux impératifs multiples

Cet emplacement privilégié n’en comportait pas moins quelques pièges, en particulier au niveau des classements (lire l’encadré p. 49). Au départ, trente-huit équipes avaient candidaté pour aménager cet espace. Trois ont été retenues pour approfondir leurs idées, les cabinets Osty, Péna et Mutabilis. C’est finalement le premier qui a été choisi, le maire estimant que son approche était celle qui s’inscrivait le mieux dans le site.

Le programme comprenait plusieurs impératifs : créer un espace événementiel, valoriser les monuments, reconquérir les parkings ou intégrer l’eau au parcours de visite. Pour lier le projet avec les quartiers alentour, un vaste espace minéral a été installé au nord. À l’opposé, par rapport aux promenades, une friche a été réaménagée avec la construction d’une salle de spectacle de même que d’une piscine ludique, entre autres. Il était plutôt cohérent de placer la zone événementielle à cet endroit.

Promenades hautes : les plantations redensifiées

À partir de cette zone, en partant vers le sud, on traverse les promenades hautes. Elles comprenaient un boulingrin enherbé qui a été conservé, le fond de ce sillon servant à collecter les eaux pluviales du site. L’endroit était assez clair et relati­vement peu planté : la végétation y a été densifiée. Les quelque 5 ha abritaient 313 arbres, essentiellement des marronniers. Parmi eux, 161 ont dû être abattus, mais 272 ont été replantés. Les essences retenues sont le chêne de Bour­gogne, Quercus cerris, le tilleul et le charme, une essence locale qui peut se développer sans problème à l’ombre des sujets qui ont été conservés. Des jeux d’eau et trois kiosques animent aussi cette partie du site.

Entre les promenades hautes et basses, au pas­sage entre la gare et la place d’Erlon, le square Colbert a été retravaillé en respectant le dessin d’origine. Un vaste banc circulaire et éclairé a été installé autour des allées redimensionnées. Cette zone comprenait 92 arbres. Six ont été abattus pour sept replantés, dans une gamme plus horticole que sur les promenades hautes : Catalpa, charme-houblon, Parrotia, liquidambar, Sophora, mûrier blanc et févier. Plus de 7 000 arbustes, dont plus de la moitié d’ifs, ont aussi permis de structurer l’espace.

Les promenades basses, une ambiance plus jardinée et plus ludique

Situées entre le square Colbert et le cirque, les promenades basses viennent juste d’être aménagées. Le chantier a porté ici sur un peu moins de 4 ha. Les plantations d’arbres y étaient très denses et l’espace sombre. Les alignements ont été éclaircis, à la fois pour des problèmes sanitaires et afin de rendre le site plus accueillant. Ce qui n’a pas empêché la replantation de 220 arbres !

Toutefois, de vastes espaces enherbés ont été ménagés pour permettre les activités en tout genre et faire écho au boulingrin, au nord. Autour de ces clairières, des « lisières » ont été densément plantées pour isoler les aires de jeux de la circulation environnante. « Plus urbaine, plus active que la partie nord, la lisière sud combine ambiance jardinée, équipements ludiques, activités diverses, offrant ainsi différents usages sur toute sa longueur », notent les concepteurs, qui ont également proposé une succession de zones de jeux et de repos­ pour que chacun ait la possibilité d’y trouver son bonheur.

Deux pièces d’eau symétriques, composant le « bassin des Brumes », proposent des jets « pop », qui forment des gouttes d’eau quasiment en lévitation, puis des jets de brume à la fois esthé­tiques et rafraîchissants.

Une large allée pour lier l’ensemble du projet

Côté est, une large allée traverse l’ensemble des promenades, sur presque un kilomètre. Le long de cet axe sont installés un grand nombre de jeux, des aménagements sportifs, des kiosques pour pouvoir se procurer des rafraîchissements ainsi que de la nourri­ture à emporter, un manège… Cet ensemble, associé à l’ouverture d’aires enherbées propices aux jeux et à l’attractivité des pièces d’eau, rend cet endroit particulièrement agréable très fréquenté. Il faut rappeler que la desserte de la gare par le tramway s’effectue en plein cœur des promenades.

Le mobilier urbain du site a été spécialement dessiné­, sur me­sure. L’entreprise qui l’a réalisé l’a même désormais mis à son catalogue sous le nom de Promenades ! Des chaises pivotantes, des bancs de diverses formes, des hamacs pour le repos, etc. ont été conçus pour ce chantier. Il faut noter qu’outre les arbres et les arbustes, près de 400 000 vivaces ont été plantées. Elles ont été cultivées en contrat de culture par une entreprise rémoise, Pépinières des Cavaliers.

Reliant au nord un square préexistant et au sud le parc de la Patte-d’Oie, jouxtant certains quartiers animés au niveau­ de la gare, par exemple, ayant permis­ de repenser différents carrefours qui les traversent, les promenades constituent un nouvel espace très intéressant, une respiration bienvenue, dans cette ville particulièrement dense qu’est Reims.

Pascal Fayolle

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